Les STATUES : des idoles ?

« L’Église catholique est idolâtre. Ses fidèles se prosternent et prient devant leurs statues. »

Cette accusation est omniprésente dans les communautés issues de la Réforme protestante.

Vieille accusation qui vient du judaïsme, qu’on retrouve dans l’islam, et qui enflamma l’iconoclasme, à savoir les guerres contre les images religieuses, qui furent souvent dramatiques et sanglantes dans l’Église au cours des premiers siècles. Cette crise perdure aujourd’hui, mais à petit feu. (Sauf avec les extrémistes musulmans.)

Les catholiques sont-ils idolâtres ?

Il est écrit au livre de l’Exode : « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque de choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode 20,4-5 et Lévitique 26,1).

L’interdiction de toute image ou sculpture paraît ici catégorique.

RÉPONSE

>> Ne tirons pas ce texte de son contexte. Dans le verset qui précède, Dieu dit « Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi » (Ex 20,3). Et la suite du texte, au verset 5 : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas… » (Ex 5,5 ; idem Lév 26,1).

De toute évidence, l’Éternel proscrit « les dieux » et leurs représentations comme chez les païens, qui les considéraient comme sacrées au point de leur rendre un culte d’adoration. Ainsi avec le veau d’or au désert, idolâtrie que le Tout-puissant châtia sévèrement (Ex 32). « Ils (les païens) ont troqué la gloire du Dieu incorruptible contre des images d’homme, d’oiseaux, de quadrupèdes et de reptiles » (Rom 1,23).

Mais les statues chez les catholiques ne sont en rien « des dieux » et ne font l’objet d’aucun culte d’adoration.

>> L’Éternel n’interdit pas toute représentation car il prescrit deux chérubins en or sur l’Arche d’alliance (Ex 25,18-21), à peine après avoir interdit les statues (Ex. 20). De même il prescrit le serpent d’airain au désert (un reptile !), qu’il fallait regarder – et non adorer — pour être sauvé de la morsure des serpents (Nombres 21,8 s.) Ce serpent préfigurait évidemment  le Christ crucifié. (Mais ce serpent d’airain fut finalement mis en pièce quand il fut devenu objet de culte : 2 Rois 8,4)

Devrait-on dire que Dieu se contredit lui-même en ordonnant ces représentations !? – Absurde ! Ces statues prescrites par l’Éternel ne sont manifestement pas des idoles !

Il en va de même avec l’Arche d’alliance, devant laquelle se prosterna Josué en priant le Seigneur (Jos 7,6-11). David, lui, dansa devant l’Arche – un objet ! — en expliquant : « C’est devant l’Éternel que j’ai dansé » (2 Sam 6,21) Nous retrouvons encore d’immenses chérubins couverts d’or dans le temple de Jérusalem (1 Rois 6,23 etc. — avec aussi des bœufs et des lions : 1 Rois 7)

Les statues et autres objets de culte prescrits par Dieu ne sont évidemment pas des idoles. Ce sont des signes ou des symboles de la présence protectrice et salvatrice de Dieu. Dans l’Église catholique, il en va comme dans la Bible : les statues ou images sont des signes ou des témoins pour notre foi. Elles ne font l’objet d’aucune adoration. Prétendre que les catholiques les adorent, c’est méconnaître la foi catholique tout comme les passages bibliques qui prescrivent des représentations cultuelles.

La réponse officielle de l’Église :  CEC N° 2129 à 2132 : «Tu ne te feras aucune image sculptée… »

>> De plus, l’incarnation de Dieu en Jésus Christ nous donne le Christ comme « l’image du Dieu invisible » (Col 1,15). Et tous nos frères de l’Église du Ciel sont les membres de son corps. (Voir Les saints du Ciel : peut-on les prier ?) Les représentations du Christ, puis des saints, deviennent alors totalement légitimes. Celles-ci apparaissent d’ailleurs très vite dans les premières églises chrétiennes ou les catacombes.

>> Le christianisme a toujours fait la différence entre l’IDOLE et l’ICÔNE (= image, en grec), simple représentation de la personne invisible et spirituelle. La vénération d’une icône signifie seulement l’honneur ou la vénération rendus à la personne représentée par l’image.

Il en va d’ailleurs ainsi avec le drapeau national, qui est l’hommage rendu à la patrie — et non à un tissu !!  Même chose avec une simple photo-papier (d’un proche ou du président), qui n’a guère de valeur en elle-même, sinon qu’elle évoque nos bien-aimés.

La théologie catholique distingue parfaitement le culte d’adoration ou de « lâtrie » (racine du terme idolâtrie), qui ne revient qu’à Dieu seul (y compris le Christ-eucharistie) — et le culte de vénération, ou de « dulie » (doulos = serviteur) qui ne s’adresse qu’aux saints (serviteurs de Dieu), d’abord à la Mère de Dieu, et par extension à leur représentation (les « icônes » – images). (Voir Cat. Égl. Cath.)

>> L’Eglise catholique a toujours CONDAMNÉ L’IDOLÂTRIE. Les premiers chrétiens furent martyrisés pour ce refus de l’idolâtrie dans le paganisme.

Mais l’Église condamne surtout les véritables idolâtries. Le Catéchisme de l’Église catholique dénonce clairement toute forme d’idolâtrie sous forme de superstition ou de fétichisme, de divinisation d’une créature (y compris le gourou d’une secte), ainsi que divination et magie, de culte aux esprits et démons (satanisme), ou la suprématie du pouvoir, de l’argent, du plaisir, du sexe, de la race, des ancêtres, de l’État, etc.  Voir CEC N° 2110 à 213 + 2114 à 2141.

Que faire ?

>> Avant tout, nous catholiques, nous devons purifier nos dévotions de toute tendance ou même d’apparence magico-religieuse pouvant être assimilée à une forme d’idolâtrie ou de fétichisme avec des objets, ou l’eau bénite, l’huile, les bougies, les savons, etc. Trop de catholiques, en Afrique notamment, sont plongés dans une mentalité et des pratiques plus fétichistes que chrétiennes, avec des objets soi-disant chrétiens aux pseudo pouvoirs mystiques — sans parler du scandaleux commerce de ces produits, si bien toléré dans notre Église (!!).

Il est profondément regrettable que trop de clercs restent sourds aux critiques, voire au scandale de leurs frères des autres communautés chrétiennes, et ne s’efforcent pas d’éduquer ou de purifier la foi de leurs fidèles. Si nous faisons rien pour cela, ne sommes-nous pas finalement responsables des critiques contre notre Église ? Responsables du contre-témoignage qui dénature l’Église catholique !

>> Que ferait Jésus aujourd’hui ? Ne chasserait-il encore les vendeurs du Temple ? « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce.» (Mt 21, Mc 11, Lc 19, Jn 2)

>> Si nous voulons réagir face aux objets et pratiques douteuses (fétichistes) dans notre Église, faisons-le avec fermeté, oui, mais aussi avec délicatesse et patience. Ce n’est pas en décriant ou en brisant sauvagement certaines traditions religieuses que nous les corrigerons. Cela risque de provoquer plus de mal que de bien, surtout chez les personnes ancrées dans leurs traditions. Autant que possible, faisons-le « avec douceur et respect » (1 Pi 3,16), « toujours avec patience et souci d’enseigner » (2 Tim 4,2). « Ne reprends pas le vieillard avec dureté, mais encourage-le comme un père » (1 Tim 5,1).

>> Ceux qui accusent d’idolâtrie le catholicisme, qu’ils se rappellent la parole de Paul : « Tout est pur pour qui est pur » (Tite 1,15). La dévotion aux « saintes images » (+ chapelet, etc.) est pure pour qui adore Dieu en esprit et en vérité (Jn 4,23).

>> Jugeons l’arbre à ses fruits (Lc 6,44). Si la foi en Christ et la vie évangélique sont bien présentes chez les catholiques, qui sommes-nous pour les taxer d’idolâtres !?  « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère alors que tu ne vois pas la poutre dans le tien ? » (Lc 6,41). Et reconnaissons qu’énormément de catholiques, avec leurs médailles, leur chapelet, etc., portent de véritables fruits évangéliques dans la puissance de l’Esprit Saint.

>> Cessons de nous diviser sur des querelles d’images, finalement très semblables à la querelle des viandes sacrifiées aux idoles que l’apôtre Paul réprouvait (Oui ou non pouvait-on manger ces viandes sacrifiées ? cf. 1 Cor 10,23 s.). Ne déchirons pas le Corps de Christ. Échangeons et corrigeons-nous fraternellement, sans jugements prématurés.

Autres questions : reliques, prosternation, etc.

>> Le culte des RELIQUES : idolâtrie ?

Même le ‘culte’ des reliques des saints peut trouver son fondement dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, voyez : le manteau d’Élie (2 Rois 2,13-15), les ossements d’Élie, par lesquels un homme retrouva la vie (2 Rois 13,21). Dans le Nouveau Testament : la femme souffrant d’hémorragies touche le manteau de Jésus et est sauvée (…par sa foi : Mt 9,19…) ; ainsi que les « miracles extraordinaires par l’intermédiaire de Paul avec des mouchoirs ou des linges ayant touché son corps » (Act 19,11-12) ; on voulait que les malades soient au moins couverts de l’ombre de Pierre pour être guéris (Act 5,15). En tout cela, la Bible parle de croyants et de foi, et non de superstition. (Voir Les reliques, une invention catholique ?)

>>  Prier à genoux devant une statue, est-ce l’adorer ?

NON : Prier à genoux ne signifie pas adorer. De même pour la prosternation. C’est une attitude traditionnelle de prière, d’humilité et de supplication, que l’on retrouve partout dans la Bible, et pas forcément dans les cas d’adoration (Mt 17,14; cf. Act 9,40 et 20,36 etc.).

Mais peut-on accepter que certains fidèles restent prosternés devant la statue de Marie, alors qu’à côté le Saint Sacrement est exposé !? Bien-sûr que non ! Comme si Marie et sa statue avaient plus d’importance que Jésus lui-même en son Eucharistie…

>>  Le signe de la croix

Porter le « signe de l’Alliance » (à la main ou au front) était prescrit dans l’Ancien Testament (voir Exode 13,9 et Deut 6,8 ). Il est donc naturel pour les chrétiens de manifester leur foi par le signe de la croix, qui est celui de leur salut en Christ. « Pour moi, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Gal 6,14. Paul parle aussi du « langage de la croix » : 1 Cor 1,17…2,2).

>>  Le  crucifix

Le crucifix est une croix avec l’effigie de Jésus crucifié. Beaucoup de catholiques s’efforcent de se procurer un crucifix à placer dans leur maison ou à porter au cou. Cela est parfaitement légitime pour exprimer son attachement au Christ Sauveur. Quant à nos frères chrétiens non-catholiques, ils n’acceptent que la simple croix, sans l’effigie de Jésus. N’allons cependant pas croire qu’ils refusent toute représentation de la croix ! La simple croix signifie toujours l’amour rédempteur du Christ. Ainsi que le Christ ressuscité, d’où son absence sur la croix. 

« L’adoration de la Croix » ? C’est ainsi que l’on a pu désigner la cérémonie du vendredi saint (nommée plus justement vénération de la croix), où l’on se prosterne et embrasse le crucifix. L’expression « adoration » est à éviter ici dans la mesure où l’adoration s’adresse au Christ Sauveur et non à la croix elle-même.

Si nous portons le crucifix en pendentif, que ce soit pour témoigner de notre consécration au Christ. Le crucifix n’est ni un bijou ni un grigri. Ne le portons pas si nous n’acceptons pas le Christ et sa Croix dans notre vie. Si notre vie n’est pas fidèle au Christ, cela s’apparente plutôt à une profanation de la croix. (Ce qui est évident dans l’univers sulfureux du show-biz, de la magie, et carrément du satanisme avec ses croix… renversées.)

>>  Les   bougies

Les bougies dans la liturgie catholique s’inspirent directement de la liturgie juive, où les luminaires étaient omniprésents, ainsi que dans la liturgie céleste (Exode 25,37 etc.; Apoc 1,12 etc.). Dans la liturgie chrétienne, ce symbolisme de la lumière manifeste d’abord le Christ, Lumière du monde (Jn 9,5), et sa Parole, « lumière sur notre route » (Ps 119,105).

Mais gardons-nous de leur prêter trop d’importance. Dénonçons le commerce des cierges bénis ou prescrits par les exorcistes de tout poil (et pourquoi des bougies rouges ?). Et gardons-nous de toute confusion avec les rites ésotériques et même sataniques, qui détournent ce symbolisme de la lumière dans le sens de leurs ténébreuses lumières.

>>  L’encens

L’encens est omniprésent dans le culte judaïque pour signifier l’adoration ou la prière. « Que ma prière s’élève devant toi comme l’encens » (Ps 141,2). On le retrouve jusque dans la liturgie céleste (Apoc 8,3 et 5). L’encens est donc parfaitement biblique. Accuser ici encore l’Eglise catholique de paganisme, c’est faire preuve de stupidité ou d’ignorance de la Bible.

Mais il convient de mettre en garde contre l’usage abusif et fétichiste de l’encens chez trop de fidèles qui l’utilisent afin de chasser les mauvais esprits. N’oublions pas qu’il est aussi utilisé dans des cultes païens et occultes (Rose-Croix, divination), et même sataniques.

>>  Le  foulard   à  l’église ?                                                                               

« Que la femme prie Dieu la tête voilée » (1 Cor 11,4-16). D’après ce texte, beaucoup prétendent que le foulard est obligatoire pour la femme à l’église.  Le bon sens et la Bible répondent :

1.    La tête voilée est recommandée par Paul d’après les coutumes de son époque (1 Cor 11,16), ceci pour maintenir la discrétion ou la modestie au culte. D’autant que les coiffures de l’époque étaient richement ornées. « Que les femmes aient une tenue décente ; que leur parure, modeste et réservée, ne soit pas faite de cheveux tressés, d’or, de pierreries, de somptueuses toilettes… » (1 Tim 2,9).

2.  Cette recommandation de Paul ne prétend nullement ériger le port du foulard en loi universelle, car Paul est l’apôtre de la liberté évangélique en opposition au légalisme  de  la   loi  ancienne. Dans l’esprit de la Bible et de l’apôtre Paul en particulier, le foulard à l’église n’est pas une obligation pour les femmes. Évitons le formalisme. Aujourd’hui, la pudeur n’exige plus la tête voilée. Ce qui est un devoir, c’est une tenue décente et sobre. Évitons les parures, cosmétiques ou artifices tape-à-l’œil (cheveux, ongles, etc.) ; et bien entendu les tenues trop légères ou provocantes. Que notre tenue témoigne de notre dignité d’enfant de Dieu et de notre vie nouvelle dans le Christ.

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